J'ai toujours cru que j'étais appelé à laisser une empreinte dans ce monde. Je me suis toujours senti prospère et influent, même lorsque je n'étais ni l'un ni l'autre. Je ne sais pas comment cela est devenu une partie de mon identité de base, mais jamais un seul moment, je n'ai cru que ma vie serait définie comme celle d'une personne qui a simplement survécu en se débrouillant dans la vie.
Je suis né pour exceller.
Ce n'est pas une ambition égoïste. Plus souvent que non, cette volonté m'a conduit à un sacrifice extrême et à un travail incroyablement dur avec une vision de rendre le monde meilleur. Elle m'a souvent poussé à aller au-delà de ce qui est considéré comme logique ou normal par ceux qui m'entourent.
Ma jeunesse a été ponctuée de commentaires constants de mes aînés comme ceux-ci : "Ce n'est pas possible", ou "Tu ne peux pas le faire de cette façon-là". On m'a même dit plus d'une fois que je n'avais pas le droit d'attendre des autres qu'ils se préoccupent d'un problème avec autant de passion que moi.
Au fond, ma motivation et ma conviction qu'il était du devoir de chacun de chercher constamment des moyens d'avoir un impact sur notre monde ont mis la plupart des gens mal à l'aise.
Et je me sentais souvent très seul.
Les premières années de ma vie d'adulte ont été une bataille continue entre l'envie de faire plus et la pression toujours plus forte de ceux qui ne pouvaient pas accepter mon mode de pensée peu orthodoxe.
À 18 ans, j'ai quitté mon pays par mes propres moyens. À 20 ans, j'avais déjà fondé ma première organisation à but non lucratif qui s'est associée à une fondation d'Amérique Centrale travaillant avec les enfants des rues et les enfants nés avec le VIH. À 24 ans, j'avais obtenu un diplôme tout en dirigeant une deuxième organisation à but non lucratif travaillant dans deux pays d'Amérique Latine et une entreprise d'import/export à but lucratif qui servait à les financer. À 25 ans, j'ai reçu une bourse de 25 000 dollars du Rotary Club pour mon Mastère en Administration des Affaires. Dix-huit mois plus tard, j'ai terminé le programme.
Puis tout s'est arrêté net.
Un mensonge avait tout changé.
Bien que les gens ne me comprenaient pas toujours, ils m'avaient respecté et avaient cru en moi. Ils ont vu en moi le potentiel d'accomplir de grandes choses.
Mais soudain, je me suis retrouvé du mauvais côté de l'équation : un ennemi de l'État. En un clin d'œil, je suis passé du statut de jeune homme honorable et intègre à celui de criminel malfaisant, dépravé et menteur.
Et tout cela sur la seule base d'un simple mensonge.
Je suis devenu l'Accusé.
Rien de ce que j'ai dit ou fait n'était suffisant pour me défendre contre la nouvelle perception qu'ils avaient de moi. Les rôles avaient été inversés et les dés étaient jetés.
J'ai été envoyé en prison pour une très longue période.
Dix-huit ans plus tard, je suis toujours encore dans la même situation. Chaque jour, je suis confronté à des attitudes laides et haineuses de la part de membres du personnel de plusieurs années mes cadets. Peu importe combien je travaille dur, combien je suis honnête, ou combien de fois je fais mes preuves, mon statut ne changera jamais. Je ne pourrai jamais obtenir un poste plus élevé. Le tout nouveau surveillant de prison de 18 ans qui vit probablement encore chez sa mère sera toujours supérieur à moi malgré son immaturité et son manque d'intégrité.
J'observe les dirigeants de prison qui prennent des décisions terribles sans tenir compte de leurs effets sur les personnes réelles. Je travaille dans des secteurs de la prison où tous ceux qui sont en position hiérarchique au-dessus de moi et qui détiennent l'autorité ont beaucoup moins d'expérience et de formation professionnelle que moi, mais méprisent toute contribution réelle d'un simple détenu.
Je suis plus digne de confiance que le personnel de ce système carcéral, mais on dit qu'on ne peut pas me faire confiance. Je suis plus honnête que presque tous mes surveillants, mais ils disent que je suis condamné à être un menteur perpétuel.
Chaque jour, je suis jugé pour un crime que je n'ai pas commis.
Mais je refuse de me laisser abattre.
Je crois toujours que je suis né pour changer le monde. « En effet, les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables. » (Romans 11.29)
En dix-huit ans, j'ai été le mentor/conseiller de centaines d'hommes. Les orphelins de père et les confus ont trouvé un but et un destin et ont réussi dans notre société. Je n'ai eu que des faveurs, j'ai dirigé des industries carcérales, j'ai apporté des innovations à des problèmes de longues dates, j'ai insufflé de la sagesse dans la vie et les décisions de gardiens de prison, et j'ai affronté la menace de mort avec une confiance pacifique.
J'ai appris que l'endroit où je me trouve n'a pas d'importance. Peu importe ce que les gens pensent ou les limites qu'ils s'efforcent de m'imposer. Peu importe combien je souffre ou si les choses ne semblent pas se dérouler comme je l'avais prévu.
Ils ne pourront jamais m'enlever la passion que j'ai dans le cœur de changer le monde, d'oeuvrer à sa transformation.
Je suis quelqu'un.
Et c'est ainsi que je compte vivre jusqu'au jour de ma mort.
Jeff