Que faites-vous lorsque vous prenez conscience que vous vivez selon un certain fonctionnement et que soudainement il vous apparaît clairement que les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent être ? Pour la plupart cela va dépendre de combien de temps, d’efforts et d’identité vous avez investis dans votre schéma de fonctionnement actuel et quelle perturbation cela vous causerait d’adopter un nouveau paradigme.
Je suis convaincu qu’une majeure partie de l’Église vit dans cette réalité. Nous avons grandi en nous habituant à une certaine manière de voir l’Église fonctionner, des manières que nous avons intégrées et que nous avons de la peine voire peur de remettre en question, tellement elles nous paraissent simplement absolument justes. Et pourtant, cela nous place bien souvent en opposition directe face la Parole de Dieu, sans même disposer des outils pour bien questionner notre fonctionnement du moment.
Je suis convaincu qu’une majeure partie de l’Église vit dans cette réalité. Nous avons grandi en nous habituant à une certaine manière de voir l’Église fonctionner, des manières que nous avons intégrées et que nous avons de la peine voire peur de remettre en question, tellement elles nous paraissent simplement absolument justes. Et pourtant, cela nous place bien souvent en opposition directe face la Parole de Dieu, sans même disposer des outils pour bien questionner notre fonctionnement du moment.
L’un de ces paradigmes concerne les cinq ministères et la conduite de l’église.
Depuis la Réforme, le ministère de pasteur est devenu l’appel dominant dans l’Église. Il est l’intervenant principal, l’administrateur principal et la principale autorité dans la plupart des églises du monde entier. Et pourtant, il n’y aucune base biblique pour cette sélection et ce choix pose même de sérieux problèmes au Corps de Christ.
La force du pasteur qui est aussi appelé "berger" est de prendre soin du troupeau et de le nourrir. C’est un don formidable qui est absolument nécessaire. Néanmoins, une fois que le ministère pastoral devient dominant dans une église locale, l’attention de toute cette congrégation est plus ou moins automatiquement centrée sur elle-même. L’église devient conforme aux services qu’elle offre et qui me profite à moi premièrement puis à ma famille, par ses activités de jeunesse et son programme pour les enfants. L’accent est simplement mis sur ce qui va me permettre de mettre ma vie en ordre et de me sentir bien, quelle que soit la communauté que je fréquente.
S’assurer que les croyants sont fondés sur une base solide et grandissent dans leur marche avec Christ est essentiel. Et pourtant il ne semble pas que ce soit le but ultime du Corps de Christ. Nous voulons tous accéder à la maturité en utilisant les divers ministères que le Seigneur a placés au milieu de nous. Mais si je mets l’accent sur la vie interne de l’église, en étant anormalement orienté vers ma propre maturité, je ne vais jamais ouvrir les yeux autour de moi pour découvrir mon rôle dans le processus de maturité de mes frères et sœurs. C’est là le résultat naturel d’une église conduite par un ministère pastoral dominant.
Une église conduite par un évangéliste va centrer la majeure partie de son énergie sur le fait de conduire des personnes au salut. Là encore, c’est une très bonne idée, mais le danger est qu’elle devienne l’obsession de toute l’église qui du coup sera remplie de beaucoup de chrétiens immatures, de nouveaux croyants qui n’ont jamais été conduits vers des niveaux de maturité plus profonds dans leur marche avec Christ.
Une église conduite par un enseignant va centrer la majorité de son temps sur des questions de doctrines. Tout le monde doit croire la même chose, selon les normes établies par les enseignements de cette église. La croissance pour ses membres passe par un ensemble de cours et d’enseignements qui ont été suivis. Il y est question de mise en pratique jusqu’à un certain point, mais l’accent est mis sur ce qu’on croit et si oui ou non c’est en adéquation avec ce qui est prêché depuis le pupitre ou la chaire. Un tel centre d’intérêt conduit aussi aisément à des divisions dans le cas où qui que ce soit vit avec une croyance différente de celle des conducteurs enseignants.
Et il y a enfin deux ministères qui ont généralement été mis de côté dans nos églises depuis au moins un millénaire et demi : celui des apôtres et des prophètes. Il n’y a pourtant aucune base biblique soutenant la thèse de la disparition de ces deux offices. Par contre, des années d’enseignement durant lesquelles le contraire a été communiqué ont provoqué beaucoup de confusion et ont laissé l’église dans une lutte pour développer sa maturité en utilisant seulement trois cinquième des outils que Jésus nous a laissés.
1 Corinthiens 12.28 dit que "Dieu a établi dans l’Église, premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des enseignants;…". Je suis convaincu qu’il y a vraiment une raison pour laquelle Paul a listé les ministères en mentionnant les nombres cardinaux "premièrement, deuxièmement, troisièmement". Il ne s’agit pas d’une hiérarchie de valeur, mais une chaîne d’accentuations qui permet une église saine.
Un apôtre est centré sur la "grande image", le fonctionnement d’ensemble de l’église. Il est un visionnaire qui voit les plans célestes que Dieu a pour son église. Son but dans la vie est de rassembler toutes les pièces, de motiver les différents autres acteurs dans leur variété (donc les autres ministères) et d’affirmer les appels des nouveaux croyants autour de lui (ou d’elle). L’apôtre pousse pour gagner de nouveaux terrains. Il prend sa place non seulement dans l’église, mais aussi sur son lieu de travail, avec un effort de voir le Royaume de Dieu établi sur terre comme il l’est au Ciel.
Le prophète quant à lui se tient derrière lui, recevant du Ciel une vision claire de ce que Dieu a planifié et le communiquant à l’apôtre. Les deux entendent la voix de Dieu, mais ils œuvrent en tandem : en recevant, en activant et en mettant en œuvre les choses.
Lorsque l’apôtre est à sa place, le centre d’intérêt de l’église est le Ciel, le Royaume de Dieu. Non pas dans le sens que l’église reste assise en attendant le jour de son enlèvement pour entrer dans le Nouveau Ciel et la Nouvelle Terre dont parlent les prophéties de l’Écriture, mais dans le sens d’une anticipation enthousiaste du prochain mouvement de Dieu pour manifester sa gloire sur terre. L’église investit alors dans les actions vues par ses prophètes et ses apôtres.
Au sein de la communauté, les pasteurs sont occupés avec le soin des brebis, s’assurant qu’elles sont en bonne santé et préparées. Les évangélistes sont occupés à apporter l’Évangile au monde, invitant les nouveaux convertis à rejoindre le champ de mission. Les enseignants exposent le système de foi qui soutient tout ce qui se passe autour d’eux. Tout fonctionne dans la douceur, "pour que ceux qui appartiennent à Dieu soient rendus aptes à accomplir leur service en vue de la construction du corps du Christ. Ainsi nous parviendrons tous ensemble à l'unité dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'adultes, à un stade où se manifeste toute la plénitude qui nous vient du Christ." (Éphésiens 4.12-13)
C’est la responsabilité de chaque ministère d’affirmer et de former ceux qui dans le corps local ont un appel similaire. Les évangélistes forment des évangélistes. Les pasteurs forment des pasteurs. Les prophètes forment des prophètes. Les apôtres par contre peuvent les former tous. Ils sont au centre de cette stratégie établie par Jésus lui-même ; une stratégie qui a bouleversé le monde à sa gloire. Il est temps que nous pensions sérieusement à nous aligner de nouveau avec son projet.
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