Bonjour, je m'appelle Sabine et j'ai créé ce blog pour publier les articles écrits par mon fiancé Jeff, un citoyen texan. En mars 2002, durant sa 27e année, il a été condamné à 40 ans de détention pour des crimes qu'il n'a jamais commis. La prison, ce n'est jamais facile. Mais être un homme innocent en prison, c'est tout simplement un cauchemar... Néanmoins, à travers les articles qu'il m'envoie et que je publie sur ce blog, il aime partager ses écrits venant de son cœur, un cœur qu'il a choisi de consacrer pleinement au Seigneur Jésus-Christ. L'injustice qu'il vit depuis si longtemps n'a pas changé cette décision. Notre prière est que les messages de ce blog puissent vous encourager, enrichir votre vie et vous permettre de mieux comprendre les voies de Dieu et peut-être même vous mettre au défi de sortir de votre propre zone de confort.

24 juin 2015 - Banning et l’équipe de Bethel ("Entendre la voix de Dieu" - 1/3)

Nous avons eu cette semaine une visite extraordinaire d’un groupe de visiteurs de l’Église Bethel de Redding en Californie. 

Nous sommes arrivés assez tardivement à la chapelle mardi parce qu’il y a eu des soucis avec le compte de cet après-midi-là. Banning Liebscher était l’orateur de cette rencontre. Il est le fondateur de Jesus Culture, un ministère consacré à mobiliser une génération de personnes aspirant à vivre un réveil spirituel et à être telles des réformateurs pour façonner la culture et œuvrer à la transformation des nations. Il est aussi le responsable principal de Jesus Culture Sacramento, une église fondée récemment dans la capitale de la Californie. Banning fut une personne clé dans le processus de lancement de notre École de Leadership et de Transformation ici à Wynne. Il s’est adressé à nous les responsables de l’école, nous appelant à écouter délibérément la voix de Dieu et à lui obéir avec une attitude d’abandon, d’attente et de consécration, dans la prière et l’action. Il nous a rappelé que nous sommes des fils du Père, en évoquant la haute vocation qui se rattache à ce statut en tant que sacrificateurs et rois dans ce monde (Apocalypse 1.6). 

19 juin 2015 – Combattre pour la liberté de Flaco

Je me trouvais hier à la cantine pour le repas de midi. Il faisait chaud et humide et nous étions assis depuis un long moment. "La circulation" dans nos couloirs est seulement permise dans un sens à la fois, donc nous nous retrouvons souvent coincés à attendre à un endroit ou un autre.

La cantine ici dispose d’un plafond très bas et est remplie de rangées de tables en aluminium avec une sorte de tabourets ronds (quatre par table). Le sol est souvent humide et sale. Des files d’hommes attendent de chaque côté derrière des "rails" alors qu’ils progressent lentement vers la file de service. C’est un endroit bruyant et chaotique. L’attente et la chaleur me poussent souvent à sauter complètement ce repas au réfectoire si je le peux.

Hier, je me trouvais assis à côté d’un jeune homme originaire de Houston et surnommé Flaco ("maigre" en espagnol). Il a souvent manifesté de l’intérêt pour les choses de Dieu dans le passé et m’a même accompagné quelques fois aux cultes. Nous avons également passé plusieurs fois des temps ensemble durant lesquels nous avons parlé des plans de Dieu pour sa vie. 


12 juin 2015 - Quelle est la mesure de votre foi ?

J’ai écrit récemment au sujet de guérisons et d’expériences de salut, de pardon et de la manière de vivre une vie de puissance devant Dieu et les hommes. Je sais qu’il y a pour vous des jours – comme pour moi aussi – auxquels nous nous réveillons et regardons aux impossibilités apparentes auxquelles nous sommes confrontés. Et il ne semble juste pas y avoir de moyen de remettre les choses "sur la bonne voie". Un des hommes avec lequel je fais du discipolat m’a dit hier que la vie chrétienne n’était pas difficile. Il avait passé toute sa matinée à communiquer ce message à ses collègues de travail non chrétiens ou pas encore engagés comme disciples de Jésus.

"Je leur ai dit que vivre la vie chrétienne n’est pas difficile." me partagea-t-il. "En fait, c’est IMPOSSIBLE !" Ils ont alors regardé à lui comme s’il était fou. "Mais Dieu sait rendre l’impossible possible !" leur dit-il pour finir avec un large sourire sur son visage. Amen à cela !

8 juin 2015 – Rétablir la norme "standard"

Gilbert est l’un de mes meilleurs amis. Quand je repense à mon premier jour de travail à l’unité Wynne en juin 2012, j’ai le souvenir de son visage amical au moment où il m’indiquait mon chemin dans ce nouvel environnement qui m’était alors tout étranger. J’avais vécu pendant 9 ans ½ dans une autre unité, donc arriver dans cette nouvelle unité m’avait vraiment fait l’effet d’un choc. 

Gilbert était un fervent sataniste dans le passé. Il a passé beaucoup d’années de sa vie dans un département de ségrégation, seul dans une cellule 23h par jour, ceci en raison des choix qu’il avait faits plus tôt dans sa vie. Mais ce n’était pas là le Gilbert que j’ai rencontré. Car ce Gilbert-là était si joyeux et rempli de vie. Il avait donné sa vie à Christ six mois auparavant et il était "en feu". Sa joie et sa passion pour Jésus n’ont fait qu’augmenter ces trois dernières années.
En août 2013, Gilbert a été choisi, tout comme moi, à faire partie des cinq responsables fondateurs de notre Ecole de Leadership et de Transformation ici à l’unité Wynne. Affiliée à l’église Bethel de Redding en Californie, cette école a eu un effet énorme sur la vie à Wynne et nous sommes convaincus que le meilleur reste à venir.

4 juin 2015 – "We Fiddin' To Git That"

Mikey a presque 50 ans maintenant. C’est un homme d’origine mexicaine avec les cheveux lissés en arrière, des cheveux couleur noir de jais. Il est prison depuis 22 ans. Son état de santé se détériore terriblement en raison de la défaillance toujours plus importante de ses reins. Il est souvent pris d’une douleur dans son corps qui le fait totalement dysfonctionner.

Il vit dans le même dortoir que moi. Chino occupe l’aile opposée à la sienne. Je ne peux compter le nombre de fois que Chino a vu Mikey dans son compartiment en comprenant que quelque chose n’allait pas, et qu’il l’a appelé à le venir le trouver.
"Que se passe-t-il ?" lui demande en général Chino. 

3 juin 2015 - Une vie sans offense

Pour la plupart d’entre nous, être offensé (comprendre : vexé, offusqué, blessé) est devenu une part acceptée du quotidien. Nous sommes vexés par des paroles et des actions. Nos amis et membres de famille nous blessent. Nos collègues de travail et chefs nous offensent. La dame du magasin ou même le sénateur à la télévision. Nous sommes vraiment des personnes très susceptibles !

«Je ne peux pas croire qu’il ait vraiment dit cela !»
«Pour qui se prend-elle pour remettre en question ma manière de vivre ?»
«Ils ne savent pas à qui ils ont à faire !»
«Elle ne va pas s’en sortir comme cela

Une parole ou une action, dont les motivations sont souvent uniquement imaginées de notre côté, vont nous entraîner dans un tourbillon d’angoisse, de colère et de commérage qui draine la vie hors de nous et de tout le monde et de toute situation que nous rencontrons. 

Ce qui est pire est que nous allons bien souvent encore plus loin en faisant nôtres en quelque sorte les blessures d’autres personnes. Ma meilleure amie s’est fâchée avec l’un des pasteurs, donc je ne vais plus participer moi non plus à l’étude biblique qu’il conduit. J’ai un chef que je ne supporte pas et je ne sais pas pourquoi. C’est probablement à cause de toutes les plaintes que mes collègues ont pu formuler à son sujet. L’offense survient généralement lorsque des personnes disent ou font des choses qui contredisent complètement la manière dont je suis convaincu que les choses devraient être. Elles vivent la vie d’une manière différente de moi, que cela soit juste ou faux, et cela me contrarie tout simplement.

Il y a plusieurs années de cela, j’ai décidé de ne simplement plus être vexé, offusqué, blessé. Il est certain qu’il y a des moments auxquels je dévie de cette démarche en laissant mes émotions prendre un peu le contrôle. Mais je réfléchis ensuite à ce qui s’est passé et décide de lâcher toute offense à laquelle j'ai accepté de donner accès à mon cœur. J’ai vu des personnes cultiver de la rancune pendant des années et les dégâts qui en résultent sont immenses. J’ai l’habitude de dire aux gens que garder rancune et refuser de pardonner, c’est comme se réveiller chaque matin en buvant un poison tout en s’attendant à voir mourir le «coupable». C’est vraiment insensé.

Je suis convaincu qu’en tant qu’homme «crucifié avec Christ», je n’ai plus légitimement le droit d’être offensé, vexé. (voir Matthieu 6.14-15)

L’offense est dangereuse. Elle bloque la manifestation de la bonté de Dieu à travers nous car elle obstrue nos cœurs avec toutes sortes d’immondices. Que pourrait-on dire ou faire pour moi qui serait comparable au prix déjà payé par Jésus ?

Quand Jésus sillonnait les chemins de cette terre, sa manière de faire les choses offensait vraiment certaines personnes. Il ne vivait pas selon le moule du statu quo. Il n’a pas satisfait toutes leurs attentes sans les «ébouriffer». Il est venu faire toute chose nouvelle et cela a vraiment offusqué tous ceux qui étaient religieusement attachés à leur ancienne manière de faire les choses.

Il a touché des pécheurs.
Il a guéri des malades lépreux.
Il a choisi des collecteurs d'impôts (considérés comme des traîtres).
Ils attendent un Roi, et pourtant il est né dans une mangeoire.
Il a parlé de manière humainement folle à leurs leaders religieux hypocrites.
Il était un «moins-que-rien» aux yeux des gens, un fils de charpentier supposé sauver le monde d’une manière ou d’une autre !

«Et voilà pourquoi ils trouvaient en lui un obstacle à la foi…» (Matthieu 13.57a)

Il avait sillonné tout Israël, guérissant souvent toute personne avec laquelle il entrait en contact. Et pourtant les gens étaient vexés, offensés, parce qu’il ne faisait pas les choses de leur manière. Et cette vexation a fermé le robinet de la bénédiction céleste (voir Matthieu 13.58). Les grandes choses qu’il faisait partout dans le pays ne se sont pas produites face à cette offense. Cette dernière est devenue comme une douche froide éteignant le feu de la bonté de Dieu !

On m’a fait du tort à bien des égards. Des mensonges m’ont mené en prison. Des amis m’ont totalement trahi. Des calomnies ont cherché à détruire mon caractère. Des membres de famille ont disparu de ma vie. Mais j’ai décidé de ne jamais être offensé. C’est facile de garder rancune, mais la vraie puissance vient quand le pardon me libère.

Il y a toujours des choses que font les gens sans que je les comprenne. Dieu présente de multiples facettes et il en est de même avec son peuple. Nous avons été créés à son image. Nous n’avons pas toujours la même opinion sur tout sujet et le plus extraordinaire avec cela, c’est que C’EST OK ! Laissez-moi me concentrer sur ma mission et la part que je suis appelé à réaliser dans l’œuvre de cette vie que Christ nous a appelés à vivre. La part de mon voisin ne sera pas nécessairement semblable à la mienne. Ce serait monotone si c’était le cas. Mais, étonnamment, Jésus a des plans qui font que d’une certaine manière toutes ces contributions se complètent pour former ensemble quelque chose d’exceptionnel.

Par contre, l’offense bloque tout ce processus.
Quand je laisse tomber des personnes en coupant ma relation avec elles parce qu’elles ont dit ou fait quelque chose que je n’ai pas apprécié, je perds de vue le trésor que représente leur contribution à l’ensemble. Quand je rejette des personnes parce que leur manière d’agir me vexe, j’ai perdu une partie potentiellement magnifique du chef d’œuvre.

Les pharisiens ont été offensés par Jésus et ont perdu le plus formidable don à recevoir dans toute l’Histoire des hommes : Dieu venu sur terre pour les aimer avec tout ce qu’il avait à offrir.
Est-ce que mon soi-disant droit à être offensé en vaut la peine ?

«Heureux celui pour qui je ne représenterai pas un obstacle!» a dit Jésus (voir Matthieu 11.6 ; une autre traduction dit «Heureux celui qui ne perdra pas la foi à cause de moi.»).

Et j’ose dire pour finir : Heureux celui qui a appris à ne pas être offensé par qui que ce soit ! 

Jeff

2 juin 2015 - La fouille du printemps

Nous sommes en fouille générale depuis quatre jours. Au moins deux fois par an, chaque prison du Texas passe par ce qui est appelé une fouille semestrielle. Il s’agit d’une sorte de temps de vacances déplaisantes pour nous puisque toutes les activités habituelles sont réduites à une pause forcée lors de laquelle nous sommes enfermés dans nos cellules 24 heures par jour en-dehors de quelques exceptions. Trois fois par semaine, nous avons le droit d’aller prendre une douche et un petit nombre de détenus considérés comme des «travailleurs indispensables» sont autorisés à être escortés chaque jour vers leur lieu de travail. 

Ces temps de fouille durent généralement 10 à 14 jours et peuvent devenir assez fastidieux. 

24 mai 2015 - Raul et l’héritage de l’amour

Raúl [lire Ra-oul] a 37 ans et vient d’Abilene au Texas. Il a passé une large portion de sa vie dans un foyer pour garçons en raison de problèmes de comportement, et pourtant sa famille fait aujourd’hui grandement partie de sa vie.

Il me semble qu’il est en prison depuis dix-huit ans, pour meurtre. Ce genre de détails est généralement la première chose qu’une personne du "monde libre" veut savoir au sujet de mes frères en Christ d’ici. "Pour quelle raison est-il en prison ?" est une question très fréquente. De mon point de vue, cela n’importe vraiment pas trop car en réalité j’ai vu très peu de corrélation entre les faits pour lesquels un homme est détenu et l’homme lui-même… du moins dès lors que Jésus l’a saisi. 

C’est donc pour vous que j’ai partagé ces détails au sujet de Raúl. Ce dernier est de taille moyenne et de
faible corpulence. Il a un front légèrement dégarni, mais en plus il aime se peigner les cheveux en arrière. Il est vraiment encore jeune dans son cœur et cette réalité s’exprime dans son abandon de type enfantin lorsqu’il entre dans la présence de Dieu. 

20 mai 2015 - La valeur d'une vie

Quelle est la valeur d’une vie ?

Cette question a vraiment beaucoup occupé mes pensées dernièrement alors que plusieurs circonstances autour de moi m’ont conduit à rechercher une révélation plus profonde de Dieu sur son regard sur nous. Je voulais comprendre ce qui octroie une grande valeur à une vie. Est-ce une certaine éducation ou formation ? Est-ce le potentiel de faire le bien ou de grandeur que nous pouvons reconnaître chez une personne ? Est-ce le cumul de bonnes actions ou le manque total de mauvaises actions chez quelqu’un ? Est-ce le passé d’une personne qui lui accorde de la valeur, ou une certaine attente au sujet de son avenir ?

Mon ami Paul vient juste de sortir de prison il y a environ une semaine, après avoir passé 8 ans ½ en prison sur 15 ans de condamnation. La liberté conditionnelle lui a d’abord été refusée en mars cette année, avec le Bureau de Liberté Conditionnelle donnant leurs raisons habituelles, inchangées et ambigües qui ont peu à voir avec la réalité. Et puis cette décision a soudainement et miraculeusement été renversée en avril. Il était de retour chez lui à la mi-mai. Si ces gens n’avaient pas changé leur décision, la vérité de qui Paul est vraiment aurait-elle été différente ? Serait-il toujours considéré comme une sorte de danger pour la société parce qu’un groupe de gens, un bureau impersonnel qui ne l’a jamais rencontré, en aurait décidé ainsi de manière arbitraire ? Est-ce que Jacob ou Raoul ou Chino ou moi-même, ou tout autre homme ici qui a été totalement transformé par Jésus est toujours un homme sans valeur simplement parce que les procédures et protocoles de correction ne l’ont pas encore libéré ? Qu’est-ce qui détermine la valeur d’une vie ? 

Mai 2015 - Les hommes et la communication

Je ne saurais dire combien de fois j’ai déjà entendu cette phrase : "Tu sais, nous les hommes ne sommes tout simplement pas bon avec la communication." C’est une déclaration si banale qu’elle est devenue une part solide de notre système de pensée.
 
Je travaille avec des hommes chaque jour. La plupart des hommes autour de moi ont un arrière-plan présentant de grands dysfonctionnements. Il est rare qu’il y ait eu un modèle masculin solide dans leur vie. La définition qu’ils ont adoptée de ce qui fait d’un homme un homme ne vient pas de quoi que ce soit de proche à un exemple biblique. Bien au contraire, leur définition de la masculinité vient d’eux-mêmes, de la télévision, d’autres garçons, d'adolescents ou d'hommes issus de milieux dysfonctionnels et de la culture populaire ambiante. Vous pouvez imaginer les dégâts que cela produit.

Mai 2015 - Les cinq ministères dans l'église

Que faites-vous lorsque vous prenez conscience que vous vivez selon un certain fonctionnement et que soudainement il vous apparaît clairement que les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent être ? Pour la plupart cela va dépendre de combien de temps, d’efforts et d’identité vous avez investis dans votre schéma de fonctionnement actuel et quelle perturbation cela vous causerait d’adopter un nouveau paradigme. 

Je suis convaincu qu’une majeure partie de l’Église vit dans cette réalité. Nous avons grandi en nous habituant à une certaine manière de voir l’Église fonctionner, des manières que nous avons intégrées et que nous avons de la peine voire peur de remettre en question, tellement elles nous paraissent simplement absolument justes. 
Et pourtant, cela nous place bien souvent en opposition directe face la Parole de Dieu, sans même disposer des outils pour bien questionner notre fonctionnement du moment.

L’un de ces paradigmes concerne les cinq ministères et la conduite de l’église.