Pour la plupart d’entre nous, être offensé (comprendre : vexé, offusqué, blessé) est devenu une part acceptée du quotidien. Nous sommes vexés par des paroles et des actions. Nos amis et membres de famille nous blessent. Nos collègues de travail et chefs nous offensent. La dame du magasin ou même le sénateur à la télévision. Nous sommes vraiment des personnes très susceptibles !
«Je ne peux pas croire qu’il ait vraiment dit cela !»
«Pour qui se prend-elle pour remettre en question ma manière de vivre ?»
«Ils ne savent pas à qui ils ont à faire !»
«Elle ne va pas s’en sortir comme cela!»
Une parole ou une action, dont les motivations sont souvent uniquement imaginées de notre côté, vont nous entraîner dans un tourbillon d’angoisse, de colère et de commérage qui draine la vie hors de nous et de tout le monde et de toute situation que nous rencontrons.
Ce qui est pire est que nous allons bien souvent encore plus loin en faisant nôtres en quelque sorte les blessures d’autres personnes. Ma meilleure amie s’est fâchée avec l’un des pasteurs, donc je ne vais plus participer moi non plus à l’étude biblique qu’il conduit. J’ai un chef que je ne supporte pas et je ne sais pas pourquoi. C’est probablement à cause de toutes les plaintes que mes collègues ont pu formuler à son sujet. L’offense survient généralement lorsque des personnes disent ou font des choses qui contredisent complètement la manière dont je suis convaincu que les choses devraient être. Elles vivent la vie d’une manière différente de moi, que cela soit juste ou faux, et cela me contrarie tout simplement.
Il y a plusieurs années de cela, j’ai décidé de ne simplement plus être vexé, offusqué, blessé. Il est certain qu’il y a des moments auxquels je dévie de cette démarche en laissant mes émotions prendre un peu le contrôle. Mais je réfléchis ensuite à ce qui s’est passé et décide de lâcher toute offense à laquelle j'ai accepté de donner accès à mon cœur. J’ai vu des personnes cultiver de la rancune pendant des années et les dégâts qui en résultent sont immenses. J’ai l’habitude de dire aux gens que garder rancune et refuser de pardonner, c’est comme se réveiller chaque matin en buvant un poison tout en s’attendant à voir mourir le «coupable». C’est vraiment insensé.
Je suis convaincu qu’en tant qu’homme «crucifié avec Christ», je n’ai plus légitimement le droit d’être offensé, vexé. (voir Matthieu 6.14-15)
L’offense est dangereuse. Elle bloque la manifestation de la bonté de Dieu à travers nous car elle obstrue nos cœurs avec toutes sortes d’immondices. Que pourrait-on dire ou faire pour moi qui serait comparable au prix déjà payé par Jésus ?
Quand Jésus sillonnait les chemins de cette terre, sa manière de faire les choses offensait vraiment certaines personnes. Il ne vivait pas selon le moule du statu quo. Il n’a pas satisfait toutes leurs attentes sans les «ébouriffer». Il est venu faire toute chose nouvelle et cela a vraiment offusqué tous ceux qui étaient religieusement attachés à leur ancienne manière de faire les choses.
Il a touché des pécheurs.
Il a guéri des malades lépreux.
Il a choisi des collecteurs d'impôts (considérés comme des traîtres).
Ils attendent un Roi, et pourtant il est né dans une mangeoire.
Il a parlé de manière humainement folle à leurs leaders religieux hypocrites.
Il était un «moins-que-rien» aux yeux des gens, un fils de charpentier supposé sauver le monde d’une manière ou d’une autre !
«Et voilà pourquoi ils trouvaient en lui un obstacle à la foi…» (Matthieu 13.57a)
Il avait sillonné tout Israël, guérissant souvent toute personne avec laquelle il entrait en contact. Et pourtant les gens étaient vexés, offensés, parce qu’il ne faisait pas les choses de leur manière. Et cette vexation a fermé le robinet de la bénédiction céleste (voir Matthieu 13.58). Les grandes choses qu’il faisait partout dans le pays ne se sont pas produites face à cette offense. Cette dernière est devenue comme une douche froide éteignant le feu de la bonté de Dieu !
On m’a fait du tort à bien des égards. Des mensonges m’ont mené en prison. Des amis m’ont totalement trahi. Des calomnies ont cherché à détruire mon caractère. Des membres de famille ont disparu de ma vie. Mais j’ai décidé de ne jamais être offensé. C’est facile de garder rancune, mais la vraie puissance vient quand le pardon me libère.
Il y a toujours des choses que font les gens sans que je les comprenne. Dieu présente de multiples facettes et il en est de même avec son peuple. Nous avons été créés à son image. Nous n’avons pas toujours la même opinion sur tout sujet et le plus extraordinaire avec cela, c’est que C’EST OK ! Laissez-moi me concentrer sur ma mission et la part que je suis appelé à réaliser dans l’œuvre de cette vie que Christ nous a appelés à vivre. La part de mon voisin ne sera pas nécessairement semblable à la mienne. Ce serait monotone si c’était le cas. Mais, étonnamment, Jésus a des plans qui font que d’une certaine manière toutes ces contributions se complètent pour former ensemble quelque chose d’exceptionnel.
Par contre, l’offense bloque tout ce processus.
Quand je laisse tomber des personnes en coupant ma relation avec elles parce qu’elles ont dit ou fait quelque chose que je n’ai pas apprécié, je perds de vue le trésor que représente leur contribution à l’ensemble. Quand je rejette des personnes parce que leur manière d’agir me vexe, j’ai perdu une partie potentiellement magnifique du chef d’œuvre.
Les pharisiens ont été offensés par Jésus et ont perdu le plus formidable don à recevoir dans toute l’Histoire des hommes : Dieu venu sur terre pour les aimer avec tout ce qu’il avait à offrir.
Est-ce que mon soi-disant droit à être offensé en vaut la peine ?
«Heureux celui pour qui je ne représenterai pas un obstacle!» a dit Jésus (voir Matthieu 11.6 ; une autre traduction dit «Heureux celui qui ne perdra pas la foi à cause de moi.»).
Et j’ose dire pour finir : Heureux celui qui a appris à ne pas être offensé par qui que ce soit !
Jeff