Bonjour, je m'appelle Sabine et j'ai créé ce blog pour publier les articles écrits par mon fiancé Jeff, un citoyen texan. En mars 2002, durant sa 27e année, il a été condamné à 40 ans de détention pour des crimes qu'il n'a jamais commis. La prison, ce n'est jamais facile. Mais être un homme innocent en prison, c'est tout simplement un cauchemar... Néanmoins, à travers les articles qu'il m'envoie et que je publie sur ce blog, il aime partager ses écrits venant de son cœur, un cœur qu'il a choisi de consacrer pleinement au Seigneur Jésus-Christ. L'injustice qu'il vit depuis si longtemps n'a pas changé cette décision. Notre prière est que les messages de ce blog puissent vous encourager, enrichir votre vie et vous permettre de mieux comprendre les voies de Dieu et peut-être même vous mettre au défi de sortir de votre propre zone de confort.

19 mars 2019 - Ma vie est un paradoxe

Ma vie est un paradoxe.

Je me souviens avoir pensé cela aujourd’hui avec un sourire alors que j’essayais de rester bien couché sans bouger sur une table dans une pièce au rez-de-chaussée de l’hôpital UTMB (University of Texas Medical Branch) sur l’île de Galveston. Des pointeurs laser et un moule corporel m’ont placé dans une position très précise pendant qu’une géante machine blanche bougeait en mouvements circulaires à 360° autour de moi. D’un emplacement à l’autre, elle lançait des rayons invisibles sur mon abdomen.
Le but de la radiothérapie que je suis actuellement est d’empêcher que le cancer se manifeste une troisième fois. Deux tumeurs ont déjà été retirées de mon abdomen depuis août 2016. Ma prière est qu’il n’y en ait jamais une troisième. 

Je suis donc couché sur cette table. Mes bras sont levés du côté de ma tête alors que je suis couché sur mon côté droit. Je ne peux sentir ni mes mains ni mes pieds qui sont engourdis. J’ai passé toute la matinée les mains menottées et les pieds enchaînés, assis dans une chaise roulante tout en attendant mon tour jusqu’à la séance avec « Big Bertha », mon surnom pour la machine monstrueuse censée tuer mon cancer. 
Mon dos me fait mal. Mes mains me font mal. Mes chevilles me font mal. L’ensemble de la procédure m’épuise, mais rien de tout cela ne semble m’affecter en ce jour. 
Je suis couché sur cette table et je souris parce que je me sens tellement en paix. 

Ce matin en écoutant les informations, j’ai entendu un chant composé par une jeune femme sévèrement brûlée sur plus de 65 % de la superficie de son corps, intitulé Don’t You Dare (traduction difficile, mais on peut comprendre « Tu ne peux pas te permettre » dans le sens « Ne te permets pas de faire ceci/cela »). 
Elle parlait de l’adversité folle à laquelle elle se trouvait confrontée, avec parfois le désir d’abandonner. Elle parlait des luttes que l’on peut vivre et qui poussent vers le bord de l’abîme, mais du choix de continuer à se battre. Don’t You Dare est un chant qui parle de ne jamais abandonner ; de ne jamais céder à l'obscurité qui tente de vous entourer.
La chanson de cette jeune femme m'a ému alors que j’avais les yeux baissés et posés sur les chaînes à mes pieds. Elle m’a ému alors que je pensais au cancer qui a déjà tenté de me tuer deux fois. 

Je me trouve donc couché sur cette table et je souris. Je n’ai pas l’impression que ma vie est terminée. Je n’ai pas l’impression de suffoquer malgré mes circonstances. Je ne suis pas obligé de produire des efforts chaque jour pour garder la tête haute. 
Mes rêves sont toujours vivants.
Mon cœur est totalement en paix.
Je vais vivre, je ne vais pas mourir. Bientôt, je serai libre de toute cette condamnation injustifiée. Je vais être restauré et guéri. 
Vue de l’extérieur, ma vie peut sembler désespérée, mais à l’intérieur, en moi, la paix règne plus que jamais auparavant.

Ma vie est vraiment un paradoxe.

Jeff

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