Bonjour, je m'appelle Sabine et j'ai créé ce blog pour publier les articles écrits par mon fiancé Jeff, un citoyen texan. En mars 2002, durant sa 27e année, il a été condamné à 40 ans de détention pour des crimes qu'il n'a jamais commis. La prison, ce n'est jamais facile. Mais être un homme innocent en prison, c'est tout simplement un cauchemar... Néanmoins, à travers les articles qu'il m'envoie et que je publie sur ce blog, il aime partager ses écrits venant de son cœur, un cœur qu'il a choisi de consacrer pleinement au Seigneur Jésus-Christ. L'injustice qu'il vit depuis si longtemps n'a pas changé cette décision. Notre prière est que les messages de ce blog puissent vous encourager, enrichir votre vie et vous permettre de mieux comprendre les voies de Dieu et peut-être même vous mettre au défi de sortir de votre propre zone de confort.

7 septembre 2015 – P’tit frère, comment pries-tu ?

La question de Jesse a eu un effet retentissant dans la pensée de Jacob. Ces trois dernières années, sa vie a été complètement transformée. Cette question de son frère Jesse représentait comme un point culminant et miraculeux suite à des années de prière et des semences plantées par des lettres et des appels téléphoniques. Ces deux frères ne se sont pas vus depuis plus d’une décennie, mais pour Dieu le critère de la distance n’a pas posé problème.
Des semences de la prison ont commencé à produire du fruit dans la famille de Jacob qui vit dehors, dans « le monde libre ».
Jesse a 33 ans et vit dans un petit appartement qu’il partage avec sa mère Zelsa et quelques cousins. Bien qu’il n’ait jamais séjourné en prison, sa vie a été très difficile. Il a eu beaucoup de peine à conserver un emploi et a eu de grands combats intérieurs quant au sens de sa vie, tout en luttant pour ne pas se laisser prendre aux pièges des dépendances à des substances qui sont tellement répandues dans son entourage. Timide de nature, Jesse a endossé le rôle de soignant de sa maman qui a besoin d’une dialyse trois fois par semaines, qui souffre d’une cécité partielle ainsi que de problèmes de mobilité. Heureusement qu’avec les prestations financières perçues par Zelsa en raison de ses handicaps, et avec sa rente subsidiaire, ils sont en mesure de pourvoir à leurs besoins, même si c’est seulement de justesse.

Depuis que j’ai fait la connaissance de Jacob, j’ai pu constater combien sa famille compte pour lui, combien elle est sur son cœur. L’un des résultats naturels de la détention en prison est le repli sur soi et donc le fait de se couper mentalement du monde extérieur. La souffrance psychologique d’une séparation quasi complète de tout ce et de tous ceux qu’on connaît et qu’on aime est presque insupportable. Le fait de s’isoler soi-même sur le plan émotionnel correspond au mécanisme de protection avec lequel la plupart des détenus vivent de manière presque inconsciente. Il les protège de l’autodestruction. Ce mécanisme permet aussi aux hommes et aux femmes incarcérés de ne plus se sentir responsables de tout quand leur condamnation est très longue.
Mais Jésus-Christ a une manière de changer tout cela. Dans Ézéchiel 11.19, Dieu dit : « Je leur donnerai un seul cœur et je mettrai en eux un esprit nouveau. Je retirerai de leur corps le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair. » Lorsque des hommes de cette prison confient leur vie à Christ, la réalité de Dieu qui leur donne un cœur nouveau devient immédiatement visible. Ils deviennent souvent plus doux. Des pensées en lien avec la famille, la vie et l’avenir commencent à émerger. Les priorités se mettent à changer et l’espérance commence à renaître. Le plus souvent, le premier centre d’intérêt de ces cœurs fraîchement ravivés est la famille. Leurs erreurs passées et la souffrance qu’ils ont infligée à ceux qu’ils aiment deviennent soudain réelles. Mais en même temps il naît aussi chez ces hommes un profond désir de pardonner aux autres la souffrance qu’ils ont vécue eux-mêmes. La restauration et la réconciliation, des concepts qui auparavant ne faisaient pas partie de leur système de pensée, occupent désormais le devant de la scène chez ces hommes. Ils franchissent alors les gouffres du temps écoulé pour tenter de renouer avec ceux qui leur sont chers.
C’est dans un tel contexte que j’ai fait connaissance avec Jacob seulement quelques semaines après son expérience de rencontre personnelle avec Jésus-Christ et l’abandon «aveugle» de sa vie à son Seigneur et Sauveur. La réponse à ses premières tentatives de reprendre contact avec sa famille ne fut que le silence. Toutefois, assez rapidement, d’autres opportunités de contacts ont commencé à se présenter. Jacob a ainsi pu parler avec sa tante et avec sa mère. Il a ensuite pu parler à sa grand-mère et à ses cousins. Et finalement, il a même été en mesure de parler avec son frère Jesse.

Ce ne fut pas une période facile pour Jacob, car les relations renouées avec sa famille ont fait resurgir la souffrance de la séparation qu’il est forcé de vivre avec eux. La reprise de contacts l’a également confronté à la réalité de toutes les luttes des membres de sa famille. Il ne savait pas que la vue de sa mère était sur son déclin. Il ne savait pas que son frère luttait dans le domaine de l’emploi et des drogues. Il n’avait donc pas seulement retrouvé sa famille, mais il avait désormais aussi les fardeaux des uns et des autres à porter avec eux. Et porter les fardeaux de ceux que vous n’avez absolument aucun moyen physique d’aider du fait de votre détention est tout simplement comparable à une torture.
Mais en lui donnant une vie nouvelle et un cœur nouveau, Jésus a également équipé Jacob avec une arme secrète. Il lui a donné le pouvoir, par la prière, de faire s’ouvrir des écluses des cieux et de laisser la bonté de Dieu couler directement dans les vies de son frère et de sa mère. Il a prié de tout son cœur pour eux. Il a saisi chaque opportunité pour leur adresser des paroles de vie afin de les encourager dans leurs luttes quotidiennes. Il leur a parlé d’amour, de paix et d’espérance. Il leur a partagé, par le récit d’une expérience après l’autre, comment Jésus a touché et transformé sa propre vie.
Des semences ont été semées dans la prière. Des semences ont été semées avec larmes. Et les résultats sont absolument époustouflants.
L’an dernier, le Seigneur avait parlé clairement à Jacob alors qu’il lisait le 1er chapitre de l’Évangile de Jean. Dans le verset 41, il est question d’André qui va trouver son frère Simon Pierre pour le mener à Jésus. Il rencontra d'abord son frère Simon et lui dit: «Nous avons trouvé le Messie», ce qui correspond à Christ. Ces mots ont pénétré le cœur de Jacob qui a dès lors considéré que sa mission était de toucher premièrement le cœur de son propre frère Jesse. Il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour « aller rencontrer son frère » et le mener vers le Messie. Les circons-tances n’étaient pas idéales, mais Jacob était déterminé.
Il y a quelques semaines, Jesse et son meilleur ami ont tous deux confié leur vie à Jésus. Ils ont ainsi rejoint Zelsa, la mère de Jesse et Jacob, qui avait déjà fait cette démarche. La famille a désormais un nouveau centre d’intérêt. Tout n’est pas parfait et plusieurs épreuves se présentent encore sur le chemin à par-courir, mais une nouvelle vision de la vie allant au-delà du « moment présent » a été comme téléchargée du Ciel en chacune de ces personnes.
Et tout a commencé avec un prisonnier plantant des semences depuis le lointain dans la vie de ceux qu’il aime.
« Frangin, comment pries-tu ? » n’était pas juste une question comme une autre. C’était le moyen choisi par Dieu pour faire savoir à son fils Jacob combien il était fier de lui. Il voulait que Jacob voie le résultat de son amour et le pouvoir qu’a ce dernier pour surmonter tout obstacle. Au-delà des kilomètres, Jacob prévoit désormais d'apprendre à son frère ainé comment prier, comment vaincre et comment aimer.

Un héritage a été construit à partir de rien.
Dieu n’est-il pas tout simplement merveilleux ?

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