7 octobre 2015 – Un weekend inoubliable

Je n’oublierai jamais le premier weekend d’octobre 2015. Ce fut un temps de retrouvailles familiales d’un genre très inhabituel. J’ai eu la joie d’en être un témoin direct pendant huit heures et pour le reste par téléphone pendant que de formidables moments se déroulaient non loin de moi.
Ma fiancée Sabine est venue pour notre deuxième weekend de visites de cet automne. Rien que ceci est déjà extraordinaire en sachant qu’elle voyage deux fois par an jusqu’au Texas depuis le cœur de l’Europe pour venir me voir. Cet automne, il s’agissait de son dix-septième voyage. Dix-sept voyages internationaux en sacrifiant presque tout son temps de vacances et des milliers de dollars rien que pour passer du temps avec moi dans une salle de visites de prison. Je pense qu’il ne me sera jamais possible de saisir combien elle est absolument incroyable. Elle est l’amour de ma vie !

Quelques semaines avant son voyage en septembre, elle m’a parlé dans l’une de ses lettres de plusieurs dons financiers qui lui étaient parvenus pour moi ou pour nous de la part de membres de la famille et d’amis. J’en étais tout bouleversé ! Nous avions déjà reçu des dons auparavant, mais pour moi c’est toujours émouvant et ces dons me montrent tout simplement combien les personnes de son entourage croient en elle. Ils pensent qu’elle est formidable comme je le pense aussi !
Après avoir reçu cet argent, dont une partie était clairement pour ses besoins personnels en lien avec moi, elle m’a demandé ce que je voulais qu’elle fasse avec la part qui m’était spécifiquement destinée. Elle ne l’a pas vraiment formulé de cette manière, mais une partie de l’argent lui avait été donné pour mon anniversaire. C’était là l’argent dont elle parlait. 
J’ai d’abord pensé : « Laisse-la simplement décider. De toutes les manières, c’est elle qui est en possession de l’argent. » Et pourtant il y avait quand même quelque chose de profond qui se trouvait là, dans mon cœur, un souhait que depuis trois ans je n’avais pas encore pu réaliser.
Je lui ai donc répondu en lui parlant des pensées qui m’habitaient et en lui disant que puisqu’elle me posait une question si directe au sujet de l’argent, je voulais lui partager ce que j’avais sur le cœur. 
« Si j’avais l’argent pour le faire, lui ai-je écrit, et si je pouvais l’utiliser pour ce qui est réellement sur mon cœur, je prendrais en charge les dépenses pour faire venir Jesse et Zelsa à Huntsville afin qu’ils puissent voir Jacob. »

Zelsa est la mère de Jacob qui a seulement pu la voir une fois durant les quatre ou cinq dernières années (j’ai parlé de mon fils spirituel Jacob dans le chapitre 36). Zelsa est partiellement aveugle, sous dialyses plusieurs fois chaque semaine et passe la majeure partie de son temps dans une chaise roulante. Jesse est de deux ans l’aîné de Jacob qui ne l’avait pas revu depuis plus de onze ans. Zelsa et Jesse n’ont pas de voiture et survivent pour le moment avec un très faible revenu.
J’ai partagé mon cœur avec Sabine sans exercer aucune pression et cette femme incroyable que Dieu m’a donnée a tout simplement choisi de relever le défi avec joie. Ma mère s’est impliquée elle aussi et a réussi à obtenir une autorisation de notre gardien pour des visites spéciales pour nos amis (quatre heures le samedi ainsi que le dimanche). Par ailleurs, une annulation à la Maison de l’Hospitalité de Huntsville (un ministère formidable qui offre des places d’hébergement pour des personnes venant de loin jusqu’à Huntsville pour y rendre visite à des proches en prison) a permis que Zelsa et Jesse y passent eux aussi les deux nuits du weekend tout comme Sabine qui avait déjà effectué de son côté ses réservations à l’avance.
J’étais presque aussi enthousiaste et impatient que Jacob à leur arrivée à l’unité Wynne samedi matin. J’avais l’impression que j’allais enfin rencontrer un frère perdu de vue depuis longtemps et revoir une fois de nouveau une douce mère d’adoption pour laquelle j’avais vraiment développé un réel amour. Cela a peu de sens au vu de la réalité des circonstances, mais la famille d’adoption que Dieu m’a donnée ici en prison a tellement enrichi ma vie.
Après nos visites, le trio a été rejoint par ma mère et d’autres amis et membres de famille pour un bon repas de midi. C’est ainsi que beaucoup d’émotions ont déferlé en moi pendant que je pensais à toutes ces personnes qui me sont précieuses et qui avaient une occasion de faire connaissance.
Après un peu de repos à la Maison de l’Hospitalité, ma mère et Gail (la petite amie d’un autre ami ici en prison) y ont improvisé un moment de piano et de chant pendant que d’autres personnes se trouvaient autour. Puis le groupe est reparti ensemble pour une soirée avec des amis et membres de famille au sens spirituel du terme.
Ce soir-là, tellement de paroles d’encouragement ont été prononcées et tant d’amour a été échangé que Jesse et Zelsa en sont presque restés sans voix. Jesse n’a cessé de répéter que de toute sa vie il n’avait jamais rencontré autant de personnes aussi merveilleuses.
Dieu leur a fait rencontrer des membres de leur nouvelle famille et les a bouleversés par son amour. J’ai pleuré de joie ici en prison tout en « visualisant » ce qui se déroulait pendant l’appel que j’ai eu l’occasion de passer ce soir-là. J’étais comme dépassé par tant d’amour que notre Père a vraiment pour nous.

650 miles de trajet, soit tout près de 1 050 kilomètres.
12 heures dans une voiture.
De l’argent dépensé à l’aller et au retour.
8 heures de visites.
Mais les retrouvailles et la réconciliation des membres d’une famille les uns avec les autres et la réconciliation avec le cœur du Père représentent vraiment une valeur inestimable. C’était un weekend inoubliable. Merci à tous !

C’est là la vie chrétienne normale !