Bonjour, je m'appelle Sabine et j'ai créé ce blog pour publier les articles écrits par mon fiancé Jeff, un citoyen texan. En mars 2002, durant sa 27e année, il a été condamné à 40 ans de détention pour des crimes qu'il n'a jamais commis. La prison, ce n'est jamais facile. Mais être un homme innocent en prison, c'est tout simplement un cauchemar... Néanmoins, à travers les articles qu'il m'envoie et que je publie sur ce blog, il aime partager ses écrits venant de son cœur, un cœur qu'il a choisi de consacrer pleinement au Seigneur Jésus-Christ. L'injustice qu'il vit depuis si longtemps n'a pas changé cette décision. Notre prière est que les messages de ce blog puissent vous encourager, enrichir votre vie et vous permettre de mieux comprendre les voies de Dieu et peut-être même vous mettre au défi de sortir de votre propre zone de confort.

28 janvier 2016 – Une nuit d’avril : l’histoire d’Andy

David Cárdenas avait douze ans lorsqu’il fut brutalement assassiné une nuit dans la ville de Donna du Sud du Texas, juste au Nord de la frontière avec le Mexique. Il a été tué au cours d’un meurtre s’apparentant à un rituel satanique, avec un tuyau et une pelle et d’autres détails macabres et horribles que je ne mentionnerai pas.
Pablo Vasquez avait vingt ans cette nuit-là d’avril 1998. Le meurtre était l’invention maladive de son intelligence tordue alors qu’il était convaincu que c’était Satan lui-même qui lui avait dit de tuer David.
Pablo se trouve dans le couloir de la mort depuis dix-huit ans. Son exécution par injection létale est prévue pour le 6 avril prochain. Son cousin et complice âgé de quinze ans au moment des faits, Andy Chapa, aura 33 ans la semaine prochaine. 

Andy a toujours encore l’apparence de quelqu’un d’âgé de quinze ans ou à peine plus. Il a passé la plus grande partie de sa vie en prison en raison de son rôle dans ce meurtre, avec douze ans vécus en isolement. Il a donné sa vie à Christ il y a tout juste un peu plus de deux ans. 
Pourquoi tout ceci m’importe ?… C’est parce qu’Andy est mon fils spirituel. 
Il était tout d’abord embarrassé et effrayé à l’idée de partager les détails de son crime avec moi. Il ne voulait en parler avec personne. « J'avais peur que les gens me détestent à cause de ce meurtre horrible auquel j’ai participé », m’a-t-il dit un jour. Il a le cœur brisé par rapport à ce qui a été fait à David. Et à vrai dire il est difficile de déterminer où se situe précisément la délimitation entre combien Pablo a forcé Andy à participer au meurtre et quelle part de responsabilité directe est imputable à ce dernier.
Ce que je sais pour ma part, c’est qu’Andy prie régulièrement pour la famille de David et qu’il espère désespérément que ces personnes puissent trouver la paix. Il ferait n’importe quoi en son pouvoir pour revenir en arrière et changer ce qui s’est passé cette nuit là d’avril et pour redonner à David une nouvelle possibilité  de vivre. 
Vivant en prison, je suis souvent confronté à la réalité difficile d’aimer profondément des personnes qui ont commis tous types d’atrocités dans le passé. De vraies vies ont été affectées et de vraies vies ont souvent été détruites ou même complètement éliminées.
Une nuit durant le mois d’avril prochain, il est prévu que Pablo soit mis à mort. Ce qu’il a fait était horrible. Il n’y a pas d’excuse pour ses actes. Je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé dans sa vie ces dix-huit dernières années. Que peut faire un homme de 38 ans pour réparer les agissements de ses vingt ans ? Aimerais-je aussi Pablo si les circonstances avaient permis notre rencontre, comme ce fut le cas avec Andy ? La question qui se pose tout à nouveau est : Comment puis-je réconcilier les crimes odieux du passé avec les hommes autour de moi que je connais et que j’aime ?
Le tout se résume au sang de Jésus. Son sang est une réalité du tout-ou-rien. Soit il prend une vie crasseuse, destructrice et pervertie et la transforme en quelque chose de magnifiquement beau – la justice de Dieu – soit il ne le fait pas. Il n’y a pas d’intermédiaire.
2 Corinthiens 5.17 dit : Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.
Je regarde Andy, un homme qui a participé à un sacrifice humain tellement affreux que des personnes du Sud du Texas s’en souviennent encore dix-huit ans plus tard, et je n’éprouve rien d’autre que de l’amour pour lui et de la fierté quant à l’homme qu’il est devenu. Comment est-ce possible ? Comment puis-je séparer les deux choses ?
Parce que j’ai appris à regarder à travers des yeux qui ont eux-mêmes été rachetés par le sang de Jésus-Christ.
Ses yeux me permettent de voir de l’espérance là où il ne semble pas y en avoir. Ils me permettent de voir la paix là où il n’y a rien d’autre que du chaos. Ils me permettent de voir de la beauté là où le monde ne voit que de l’horreur. 
Suis-je simplement dans un déni quant à la vérité au sujet des hommes qui m’entourent ? Est-ce que je ne regarde pas la réalité des faits en face ? Suis-je en train de dire que ce que ces hommes ont fait est justifiable ou qu’il s’agit de quelque chose que l’on doit simplement mettre de côté comme s’il ne s’était jamais rien passé ? 
Non, mes yeux ont simplement été formés à regarder à une réalité supérieure. J’ai été entraîné à voir l’or enfoui à l’intérieur d’un homme, quand le monde ne voit que de la saleté. La saleté est réelle. La saleté est une réalité. Mais sous cette couche de saleté se trouve un trésor.
Chez Andy, ce trésor est le nouvel homme qu’il est devenu en Jésus. C’est un homme qui aime rire et qui fait souvent des accolades. C’est un homme qui est un exemple pour ses frères et sœurs plus jeunes, malgré les circonstances. C’est un homme qui répand le message de l’amour et de la rédemption auprès de sa famille. C’est un homme qui n’a pas baissé les bras jusqu’à ce que son père frappé d’un cancer accepte Christ comme son Sauveur la nuit précédant son décès l’an dernier. C’est un homme qui, après dix-huit ans en prison et un rejet de libération conditionnelle venant rajouter au moins cinq ans à sa détention avant la possibilité de retrouver la liberté, m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit : « Je n’abandonnerai pas. Jésus a trop fait pour moi. Aide-moi à tenir ferme. »
Si tout ce que j’avais vu était un meurtrier, j’aurais raté le miracle de l’homme nouveau. 

Quant à vous, vous étiez morts à cause de vos fautes et de vos péchés, que vous pratiquiez autrefois conformément à la façon de vivre de ce monde, conformément au prince de la puissance de l’air , de l’esprit qui est actuellement à l’œuvre parmi les hommes rebelles. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre: notre conduite était dictée par les désirs de notre nature propre, puisque nous accomplissions les volontés de la nature humaine et de nos pensées, et nous étions, par notre condition même, destinés à la colère, tout comme les autres. Mais Dieu est riche en compassion. A cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts en raison de nos fautes, il nous a rendus à la vie avec Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés
Éphésiens 2.1-5

Je sais que le Père a eu le cœur brisé par ce qui est arrivé à David une nuit en avril, il y a dix-huit ans. Mais je suis tout autant convaincu que son cœur va être brisé une fois de plus une nuit d’avril 2016, quand nous aurons éliminé une autre vie pour payer une dette qui a déjà été marquée du sceau « entièrement payé ». Ce paiement est là pour être réclamé par le débiteur et doit être reconnu, par tous ceux qui sont concernés, comme ayant été réalisé. 
Quelque chose de moindre dépeindrait le sang de Jésus comme étant inutile et donnerait de Dieu l’image d’un Dieu insuffisant avec une rédemption insuffisante. 
Comment puis-je aimer ceux qui ne le méritent pas et qui ne sont pas aimables ?
C’est simple, c’est parce que Dieu m’a aimé le premier.


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