Transcription de l'hommage de Jeff à son grand-père, enregistré la veille de la cérémonie d'adieu pour partage ce jour-là :
Il me fut vraiment difficile de savoir ce que j’allais bien pouvoir dire en quelques minutes seulement, mais qui serait digne de l’homme extraordinaire que fut mon grand-père, Paw-Paw. Je dirais tout simplement qu’il était mon héros. Il était un roc dans ma vie, qui n’a jamais manqué d’égards pour moi. À 94 ans, il était toujours encore bien décidé à venir me voir chaque samedi, quoi qu’il arrive… Il réveillait même parfois ma mère à trois ou quatre heures du matin pour lui demander quel jour de la semaine c’était.
« Janet !
— Que se passe-t-il, papa ?
— Quel jour sommes-nous ?
— Mardi, papa. C’est le milieu de la nuit. Tu devrais encore être en train de dormir.
— Mardi… eh bien, dans quatre jours ce sera samedi, alors nous pourrons aller à Huntsville. »
Il y a bien des choses dont il ne se souvenait pas, mais il ne semblait jamais oublier ses voyages hebdomadaires à Huntsville pour venir me rendre visite. Il ne semblait jamais oublier combien la famille lui importait. Et il m’a fréquemment donné l’impression que j’étais la personne la plus importante dans le monde.
« Janet !
— Que se passe-t-il, papa ?
— Quel jour sommes-nous ?
— Mardi, papa. C’est le milieu de la nuit. Tu devrais encore être en train de dormir.
— Mardi… eh bien, dans quatre jours ce sera samedi, alors nous pourrons aller à Huntsville. »
Il y a bien des choses dont il ne se souvenait pas, mais il ne semblait jamais oublier ses voyages hebdomadaires à Huntsville pour venir me rendre visite. Il ne semblait jamais oublier combien la famille lui importait. Et il m’a fréquemment donné l’impression que j’étais la personne la plus importante dans le monde.
Il ne disait souvent pas grand-chose durant nos temps de visites. Il se contentait parfois juste d’être assis là. D’autres fois, il voulait parler de toutes sortes de choses réelles ou imaginaires. Il me disait souvent comment il envisageait d’apprendre l’espagnol afin de pouvoir rencontrer peut-être une « señorita », selon ses propos. Ou alors il me demandait : « Quand quelqu’un m’appelle sur mon téléphone portable, comment cet appareil peut-il savoir où je me trouve ? ». Il me parlait de son serpent domestiqué dans le jardin qui s’était enfui ou de son dernier complot visant à récupérer son permis de conduire afin de pouvoir se rendre tout seul en voiture à Wal-Mart [ndlt : nom d’une célèbre chaîne de supermarchés aux États-Unis].
Il s’endormait quelquefois au cours de nos conversations. Un jour, je lui ai demandé :
« N’as-tu pas dormi dans la voiture pendant le trajet jusqu’ici ?
— Oh, non… Je ne peux pas faire cela !
— Pourquoi pas ?
— Parce que quelqu’un doit garder un œil sur ta maman. Elle conduit très vite ! ».
Ma mère ne s’est pas réjouie de ce commentaire, bien qu’elle admît que ce fût peut-être partiellement vrai.
Peu importe ce qui se passait durant nos visites, Paw-Paw était simplement toujours content d’être là. Il était un homme simple, mais il avait un amour très fort qui changeait complètement mon monde.
Mon Paw-Paw était un exemple de l’homme que je cherche à être.
Je suis si reconnaissant pour le dernier jour durant lequel je l’ai vu. Il ne cessait de s’assoupir dans sa chaise roulante. Il essayait de se pencher en avant pour tenter de me parler, mais cela ne durait que 30 à 40 secondes avant qu’il ne s’adosse de nouveau pour se reposer. À un certain moment, il a dit à Jam (mon petit-frère venu avec lui) et moi : « Je me sens tellement fatigué ».
Jam s’est ensuite levé pour aller acheter quelques petites choses à grignoter dans la salle annexe (salle d’attente). J’ai alors pris une main de Paw-Paw dans les miennes et lui ai demandé si je pouvais prier pour lui. Il s’est redressé sur sa chaise et m’a répondu : « Ce serait bien. » Il ne regardait plus vraiment ses interlocuteurs dans les yeux depuis que l’état des siens avait commencé à dégénérer et que du coup il ne voyait plus très bien. J’ai commencé à prier pour lui et pour son corps, mais soudain j’ai senti que Dieu était en train de clarifier quelque chose pour moi. Alors qu’une énorme paix envahissait mon être, j’ai entendu le Père me dire : « Dis-lui que tu l’aimes, parce que je suis prêt à le prendre auprès de moi. » Mon cœur fut transpercé par la douleur de perdre mon grand-père sur cette terre, mais la paix de Dieu ne m’a jamais quitté durant ce moment-là.
J’ai continué de tenir la main de Paw-Paw tout en finissant ma prière et, après mon « Amen, » il a lui aussi dit « Amen » juste après moi.
« Paw-Paw, lui ai-je dit pour être sûr d’avoir encore son attention, je t’aime, Paw-Paw. »
Il a alors levé sa tête, m’a regardé directement dans les yeux comme s’il pouvait voir et m’a dit cinq mots que je vais chérir pour le restant de ma vie : « Je t’aime aussi, petit-fils. »
Nous avons pris une photo ce samedi-là. Je lui ai demandé s’il pensait que nous avons cassé l’appareil photo.
Sa réponse : « Non, nous sommes trop beaux pour cela. » Je l’ai embrassé dans sa chaise roulante au moment du départ, en sachant dans mon cœur que je ne le reverrai plus jamais vivant ici-bas.
« Reviendras-tu me voir ? lui ai-je demandé malgré tout.
— Mais… oui, » fut sa réponse, selon son habitude.
Au moment d’écrire ces lignes, je regarde notre photo de ce samedi-là… Paw-Paw assis dans sa chaise roulante et moi assis sur le sol à ses côtés. Il portait la casquette de baseball de couleur jaune fluorescent avec l’inscription Superman que mon petit neveu Trace lui avait offerte pour son 94e anniversaire. Alors que je regarde cette photo, je ne peux penser à un meilleur hommage : Mon Paw-Paw, mon Superman. Mon Paw-Paw, mon héros.
« Je t’aime, Paw-Paw. Je ne t’oublierai jamais. »
Jeff
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